Introduction

Le monde de la psychiatrie est celui où la conscience est momentanément perturbée, où la santé mentale et physique sont menacées dans leur intégrité.

La relation ou la communication avec soi-même, autrui ou le monde est également bouleversée et témoigne de la dysharmonie que vit le patient.

Ces dysharmonies vont se vivre sous diverses formes :

  • angoisses,
  • anxiété généralisée,
  • troubles psychosomatiques,
  • dépressions,
  • dépendances (alcool, drogues, médicaments),
  • troubles névrotiques,
  • troubles psychotiques.

La relation du patient avec son corps en est également affectée :

  • le corps du déprimé est épuisé, fatigué ;
  • l’anorexique ou le boulimique le maltraite. Ils font subir au corps tous leurs excès ;
  • le patient en sevrage est hyper agité physiquement ;
  • le mélancolique reste figé ;
  • certains psychotiques ignorent leur corps…

La souffrance corporelle se manifeste également au travers des troubles du schéma corporel (troubles de la perception, de la motricité), de l’image du corps et de sa représentation.

Rappelons que le schéma corporel est la sensation que l’on a de son corps et la représentation que l’on s’en fait.

C’est à partir de là que nous allons faire intervenir la sophrologie comme facteur éducatif ou rééducatif et thérapeutique afin que le patient se restitue corporellement de manière plus équilibrée et, à partir de là, se reconnecte positivement par rapport à ce qui lui est extérieur.

Cette éducation à la conscience corporelle va trouver sa place dans  » l’Ici et Maintenant « , dans un groupe dont je vais vous faire partager l’expérience.

Groupe de sophrologie dynamique

  1. Objectifs :
    Il s’agira de réintroduire le corps, les sensations corporelles dans le champ de la conscience, donc de s’engager dans une identification, une reconnaissance, une restructuration du schéma corporel, schéma corporel qui fonde notre sentiment d’unité et notre individualité.
  2. Indications :
    Le groupe est ouvert à tous les patients motivés à se centrer sur soi, retrouver son calme, sa concentration, son énergie, à réhabiter son corps.
    Le patient doit pouvoir également se comporter dans un groupe en respectant bien entendu les autres participants.
  3. L’atelier est basé sur :
    > l’écoute et l’éveil à la perception du corps ;
    > l’apprentissage de la détente et du lâcher prise ;
    > l’apprentissage de la gestion des sensations et des manifestations somatiques de l’émotion.
    Tout cela se travaille au Présent, Ici et Maintenant. Il s’agira donc principalement du travail du 1er et 2nd degré.

Les adaptations et fonctionnement du groupe

Nous ne faisons pas le tri concernant les pathologies. C’est la conscience que nous allons travailler, la conscience corporelle et non les symptômes.

Il faudra tenir compte des capacités de concentration (temps et médication) de chacun. Suivant la régularité et l’assiduité des participants, je les inviterai à découvrir et observer, ensuite à se rendre compte, avec plus ou moins de précisions, leurs sensations corporelles, prévisions dans la localisation jusqu’à les accompagner à exprimer avec les mots les plus justes, les plus précis, leurs perceptions.

Très souvent les premières séances se soldent par un  » c’est bien « , ensuite nous allons préciser, affiner cette première sensation globale ou générale.

Le groupe se termine par la verbalisation de chacun, nécessaire à l’intégration du vécu corporel.
Il importe de laisser le patient se découvrir à son rythme et également de respecter ses défenses ou résistances (rêverie, banalisation, sommeil).

Réflexions et observation

Par le massage énergétique et la gestion sensorielle, les patients anxieux, angoissés découvrent la capacité à gérer leur tonus musculaire. Cela donne confiance, un sentiment de maîtrise.
On peut parler d’effet anxiolytique de la détente.

Quant aux déprimés, aux patients mélancoliques, l’activation sensorielle et émotionnelle amplifie leur énergie corporelle. Le corps redevient plus présent, plus vivant.

Parlons des patients psychosomatiques (atteinte organique causée par des difficultés d’ordre psychologique et relationnel).

Ces patients expriment difficilement ce qu’ils ressentent : leur angoisse se trace dans le corps ; ils se sentent menacés dans le corps mais ne font pas le lien entre le corps et l’esprit. L’angoisse est insuffisamment mentalisée. Chez ces patients, la prise de conscience des sensations positives leur donne le sentiment d’être moins menacés dans leur intégrité corporelle. Ils vivent les séances comme une réassurance narcissique et peuvent s’apprécier ou se réapprécier.

Abordons les réflexions avec les patients psychotiques.
Il ne convient pas de les prendre en période de décompensation aiguë (délire, hallucinations, crise de mégalomanie, paranoïa).

Lorsque le patient est stabilisé, que sa médication n’est pas trop lourde, qu’il a retrouvé une certaine concentration, alors, il peut bénéficier d’un travail corporel.

Très souvent, ces patients ont une perception et une image du corps morcelées.

Grâce au 1ier degré où le corps est mobilisé, repéré, senti, tonifié, cette mobilisation corporelle entraîne celle de conscience. Le tonus physique augmente et se répercute sur le tonus mental.
Par les exercices d’activation et de gestion sensorielle, il y a émergence de sensations propres reconnues comme personnelles, ce qui donne la sensation d’exister corporellement, de sentir ses propres limites, le contour de son corps, sa forme et de retrouver, comme souvent je l’entends, le  » sentiment d’une unité corporelle, un sentiment d’unité « .

S’inscrire dans une corporalité est sécurisant pour ces patients et les aide à se situer en tant qu’individualité grâce au sentiment d’unité.

Conclusions

Par ce travail du 1er et 2ème degré, il nous est donné de revivre avec notre conscience d’adulte les étapes de la structuration du schéma corporel ( le corps senti, le corps perçu, le corps agi, le corps connu, le corps exprimé, le corps maîtrisé).

Mais ce réinvestissement se fait à partir des sensations positives, des sensations constructrices, voire réparatrices des zones négatives de notre conscience corporelle.

L’harmonie ainsi retrouvée à travers la vitalité, la présence, le sentiment de sécurité, d’unité, cette harmonie corporelle peut être un but en soi pour certains mais reste une étape indispensable à l’harmonisation de toutes les autres fonctions de la conscience.

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